Du volley-ball à la bande dessinée

Avec son premier album, Tatiana DOMAS plonge le lecteur dans le monde merveilleux d'une enfance à la campagne. Des projets plein la tête, elle rêve de pouvoir s'installer dans son propre atelier.
(article paru dans "le Progrès" du 05/03/2001)

Tatiana DOMAS, jeune Rillarde, née il y a 24 ans à Lyon, vient de rentrer par la grande porte dans le petit monde de la bande dessinée en publiant Téo, un très joli premier album, avec Denis-Pierre FILIPPI au scénario.
Pourtant la jeune femme ne se destinait pas vraiment à faire de la BD. Après 2 ans aux Beaux-Arts de St-Etienne, elle en a passé 3 à l'Ecole Emile-Cohl où elle s'est spécialisée dans l'illustration jeunesse. Là devait donc être sa voie jusqu'à ce qu'elle rencontre, au festival de la Bulle d'Or de Brignais en 1999, Filippi. "Nous avons réalisé que nos deux univers collaient bien et nous avons décidé de travailler ensemble". Aujourd'hui encore, alors que son album est sorti il y a 3 mois, Tatiana a du mal à réaliser que cela ait pu aller aussi vite. "J'avais déjà rencontré d'autres auteurs, on avait parlé et évoqué d'éventuelles collaborations mais jamais ça n'était allé plus loin". Il n'empêche que pour elle, faire de la BD, "c'est un vrai souffle de fraîcheur". D'autant plus que, pour créer Téo, elle est allée puiser dans ses souvenirs d'enfance, ceux qu'elle a vécus dans la ferme de ses grands-parents, près de Roanne, puis les a mêlés à ceux de son scénariste, qui, eux, avaient la Provence pour cadre.

Le concours d'Angoulême
Fille d'une institutrice qui lui fit découvrir, très jeune, les livres pour enfants, Tatiana ne se souvient pas quand elle a commencé à dessiner tant cette activité, chez elle, est naturelle. Ce n'est toutefois que vers quinze ou seize ans qu'elle a pris conscience qu'elle pourrait peut-être en faire sa profession : "J'avais envoyé 2 planches pour le concours de la BD scolaire au festival d'Angoulême. D'une part, j'ai bien aimé réaliser ce petit travail et, d'autre part, j'ai été encouragée parce que j'ai été sélectionnée pour la finale". Si elle n'obtint pas le prix, l'adolescente se mit quand même à réfléchir. La jeune sportive qui se passionnait à l'époque pour le volley-ball et pensait s'orienter vers un métier dans le domaine sportif change complètement d'optique : "Comme, en plus, je n'avais que des résultats scolaires moyens qui m'interdisaient d'envisager de préparer les grandes écoles, j'ai définitivement opté pour le dessin".

Les études furent donc longues et l'attente de la suite, après ce premier album, n'est pas une période de parfaite sérénité bien que "ce soit plus facile qu'après la sortie de l'école où il n'y avait vraiment que l'attente. Là, au moins, j'ai une réalisation qui me permet de rester en contact avec le milieu, ne serait-ce que dans les festivals". 

Quoiqu'il en soit, bien qu'impatiente de démarrer le second volume, dès que l'éditeur donnera son feu vert, Tatiana a quand même atteint le premier objectif qu'elle s'était fixé : "publier un premier album vers 23-24 ans". Avec des projets pleins la tête, comme un livre pour enfants sur le scénario d'un autre Lyonnais, Michel MONTEIL, elle espère vraiment trouver rapidement un rythme de travail qui lui permette de quitter sa chambre d'enfance où, avec sa table à dessins, elle se sent un peu à l'étroit et prendre un atelier avec un de ses amis. Un rêve somme toute bien modeste pour une artiste en plein devenir.

 Michel RIVET-PATUREL
Le jardin extraordinaire de Téo
TOUT EST DOUX ET MERVEILLEUX dans ce petit album de 32 pages : l'histoire, le dessin, les personnages, les couleurs, l'atmosphère. Cette plongée dans le monde de l'enfance est certes un brin nostalgique mais elle est si lumineuse qua le lecteur ne peut éprouver qu'un sentiment délicieux de bien-être.
Téo, petit garçon orphelin, ne dit plus un mot. Il est confié à sa grand-mère -une vraie fée d'une tendresse et d'une intelligence rares. Dans cette nouvelle vie campagnarde, l'enfant, loin de se replier sur lui-même, va s'ouvrir au monde et aux autres. Cela se fera petit à petit et grâce à une petite fille aussi sensible et fine que la grand-mère. Téo retrouvera la parole, la joie de vivre et de découvrir, dans un univers d'où l'on aimerait ne jamais sortir.
Michel RIVET-PATUREL